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Les Echos

Raphaël de Andréis, quand la vie est un roman

Il était déjà président d'Havas Village France et numéro deux d'Havas France. Coup sur coup, Raphaël de Andréis a fêté ses 50 ans, s'est vu promu patron des agences créatives d'Havas Europe du Sud et vient de publier son premier roman « Air », coécrit avec Bertil Scali.


Par Véronique Richebois

Publié le 12/09 à 07h09

Mis à jour le 12/09 à 11h03

« Je m'appelle Samuel Bourget. Je suis né en 1969, l'année où Neil Armstrong posant le pied sur la Lune a déclaré : 'C'est un petit pas pour l'homme mais un grand pas pour l'humanité.' […] Mes parents étaient plein d'espoir pour mon avenir. […] Le monde qu'ils m'ont laissé a été anéanti. » Toute ressemblance avec une personne existante… menace de s'avérer exacte.

Comme Samuel, le héros de son livre, cadre dans une multinationale, Raphaël de Andréis est patron d'Havas Village France et numéro deux d'Havas France. Et comme Samuel, il est né en 1969. Coup sur coup, il a fêté ses 50 ans, s'est vu promu patron des agences créatives d'Havas Europe du Sud puis a publié son premier roman « Air », coécrit avec Bertil Scali. Sacré début d'année.


Surprenant, « Air » n'est pas le énième livre d'un publicitaire sur la mutation de son secteur… mais une échappée belle vers la SF. Reprenant le procédé narratif de « Soumission » de Houellebecq, les auteurs imaginent que, à la présidentielle, les Français opteront pour une dictature écologique où les pollueurs seront châtiés.

Look de dandy décontracté

Un publicitaire dépressif égaré dans le monde de l'édition ? Plutôt l'inverse. « Je suis un pur enfant de la bourgeoisie, ayant grandi à Neuilly dans un milieu intellectuel de gauche, avec un père éditeur et une mère ultra-féministe, avoue Raphaël de Andréis, sur le mode de l'autodérision. Mais je trouve plus intéressant d'être le produit d'un mélange », précise-t-il, dans un restaurant branché de la rive droite, où son look de dandy décontracté ne détonne pas vraiment.

Après des débuts de publicitaire, son père, Edouard, d'origine italienne, fonde à Marseille les fameuses éditions Rivages assorties de la collection de polars Rivages Noir. Ce qui lui vaudra de dîner souvent avec son auteur phare, le peu recommandable James Ellroy. Sa mère, Anne, est libraire et traductrice. Raphaël de Andreis paraît dans de bonnes mains.

La disparition de son père en 1992 change brutalement la donne. Il doit gagner sa vie. Seul hic, son parcours universitaire est… malingre : « J'étais plutôt du style whisky-coca chez Castel », confesse-t-il. Jean-Claude Boulet, ami d'Edouard, l'engage comme chef de pub chez BDDP. Autant dire la Mecque de la profession. A Andréis, l'autodidacte, de se faire un prénom. « C'est un gros bosseur, doublé d'un fin diplomate, qui a su saisir sa chance », estime Jean-Claude Boulet.

« BETC, son HEC »


A ses côtés chez BDDP, Raphaël de Andréis suit Eric Tong Cuong en 1996, lorsqu'il crée, chez Havas, BETC avec Rémi Babinet et Mercedes Erra. Le début d'une ascension éclair. En 2007, le voilà président de BETC, aux côtés de Stéphane Xiberras. C'est l'époque des campagnes cultes Canal+… En 2012, Rodolphe Belmer, directeur général de la chaîne cryptée, lui propose d'être directeur général adjoint du pôle édition du groupe Canal+.

Mais l'expérience tourne court. « J'étais patron de la chaîne, mais je n'ai pas trouvé les clefs de cette organisation, analyse-t-il. En 2013, il démissionne : Yannick Bolloré, dont il est proche, vient de lui offrir de présider Havas Media France.

En six ans, ce père de trois enfants enchaîne les promotions : en 2017 il devient en prime président d'Havas Village France. Un nom exotique… pour un poste clef : qui dit Havas Village France dit les différentes agences d'Havas mais aussi les structures transversales du groupe. Soit 2.000 collaborateurs.

La même année, il prend la présidence d'un autre lieu de pouvoir, l'Union des entreprises de conseil et d'achat média (Udecam), syndicat du secteur.« BETC a été son HEC à lui : il y a tout appris de la publicité. Mais sa carrière s'est véritablement emballée avec le départ d'Agathe Bousquet, présidente d'Havas Paris, pour Publicis », décrypte le publicitaire Jacques Séguéla.

Ses détracteurs le dépeignent en grand seigneur viscontien habile et florentin. Ses amis, eux, préfèrent parler de la confiance qu'on peut lui accorder sans réserve. Il évoque, quant à lui, sa soirée idéale : « Préparer un plat de pâtes avec des tomates crues, du basilic, de l'ail et un piment peperoncino, puis revoir tous les 'Columbo' avec ma femme italienne. Un kif absolu ! »

Véronique Richebois

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