« Écologie : la démocratie a échoué, l’heure de la dictature est venue». Le sous-titre du roman « AIR », édité par Michel Lafon et qui sortira mercredi 29 août, annonce la couleur: vert… teinté de vert-de-gris! Les auteurs, Bertil Scali et Raphaël de Andréis ont imaginé que lassés par l’inefficacité des mesurettes gouvernementales en faveur de l’écologie, et face à l’urgence écologique, les Françaises et les Français, portent à la Présidence de la République une candidate écologiste, tendance dure.
Par Bernard-Hugues Saint-Paul
Extraits :
Dès son arrivée au pouvoir, la Présidente nomme un militaire, un général à la retraite, comme Premier ministre. Ce dernier déploie alors une politique autoritaire d’écologie intégriste: interdiction de divorcer (pour éviter le doublement des logements et des biens d’équipement) ; optimisation des surfaces privées dans les logements via des cohabitations obligatoires, instauration d’un bonus-malus individuel basé sur la traçabilité numérique de nos consommations passées; bonus-malus conditionnant les aides sociales publiques voire des emplois réservés pour les citoyens « bonussés » les plus vertueux. Les citoyens les plus « malussés » étant à l’inverse inscrits sur une « Liste Carbone », traqués par les agents de la cellule AIR (Artificial Intelligence Research utilisant les technologies de reconnaissance faciale), jetés en pâture à la vindicte populaire, soumis à de sévères amendes voire à des stages obligatoires de sensibilisation écologique dans des camps dédiés aux conditions quasi carcérales.
Un cri d’amour pour l’Aubrac
C’est dans ce contexte que Samuel Bourget, 50 ans, comptable parisien dans une société de recyclage de pneus, se retrouve mêlé à un scandale touchant son entreprise. Traqué, il décide, à l’instar d’autres nouveaux « parias » de trouver refuge avec sa famille dans l’Aubrac où les habitants refusent la dictature verte.
Barricades, résistance active contre les drones de la cellule AIR : l’Aubrac devient une « réserve » de liberté où, dans ce territoire préservé aux traditions séculaires, chacun retrouve les valeurs du retour à la nature, une vie saine loin des smartphones, tablettes, ordinateurs et autres réseaux sociaux.
« AIR » est rempli de clin d’œil aux habitants et lieux bien réels d’Aubrac où les incomparables saveurs gastronomiques ne se conçoivent qu’avec la chaleur humaine: Chez Germaine, la Colonie, le Comptoir, l’Annexe, la Domerie, Chez Remise (à Saint-Urcize..,) que les amoureux de l’Aubrac ont déjà dans le cœur, et dont les prochains convives ne pourront qu’aimer. La terrible actualité des gigantesques feux dévorant les poumons verts du monde donne à « AIR » une résonance encore plus forte quant aux valeurs et au message que ce roman porte et diffuse. Des rencontres et dédicaces sont prévues mais les lieux et dates non encore fixés.
Leurs pères, éditeurs renommés, étaient amis de longue date. Nés en 1969, Bertil Scali et Raphaël de Andréis se connaissent depuis la prime enfance et se retrouvent en Aveyron chaque été. Arrière-petit-fils de Maurice Fenaille, Bertil Scali a grandi à Paris, rue de Verneuil où son voisin Serge Gainsbourg lui offrait des orangeades. Son père Philippe avait notamment l’exclusivité de l’édition française du Guiness Book des records.
Bertil s’est tourné vers le journalisme (Radio Nova notamment avec Edouard Baer et Ariel Wizman ; VSD, Elle; et encore aujourd'hui Paris Match) et l’édition. Il a co-fondé les éditions Scali. Désormais Bordelais, Bertil Scali est directeur de collection aux éditions de La Martinière, agent littéraire, réalisateur, et consultant pour des agences de publicité et des marques.
Bertil Scali a édité des auteurs tels que Richard Branson (familier de Montrozier où Bertil possède une maison), David Foenkinos, Philippe Besson, Philippe Jaenada, Marie Darrieussecq, Patrick Eudeline, Chantal Jouanno, Yann Arthus-Bertrand, Oliviero Toscani. Depuis 10 ans, Bertil Scali est aussi auteur: « Un Jour comme autre » ; « Diana cette Nuit-là » (avec Didier Bourdon), « Villa Windsor », « A bagages ouverts » ; et « Hitler mon voisin » (avec Edgar Feuchtwanger), traduit en 14 langues dans 20 pays.
Fils du publicitaire et éditeur Edouard de Andréis, Raphaël de Andréis est un publicitaire reconnu. Il a été président de l’agence BETC de 2007 à 2012, puis a rejoint Canal +comme directeur général adjoint du pôle édition, chargé des activités de télévision payante (dont les chaînes premium et thématiques).
Président du Havas Village France depuis 2017, Raphaël de Andréis est parallèlement nommé chairman des agences créatives pour l’Italie, l’Espagne et le Portugal du groupe Havas dont il devient membre du comité exécutif. Il préside aussi l’UDECAM (union des entreprises de conseil et d’achat média), une association qui représente 90 % des investissements médias réalisés en France. Anecdote ciné: Raphaël de Andréis a fait une apparition dans le film « Qui m’aime me suive » (2006) de Benoît Cohen, qui possède aussi une maison familiale dans le Nord- Aveyron où ont été tournés les films et épisodes de « Nos enfants chéris ».
« Sensibiliser à l’urgence écologique tout en alertant sur les risques de dérive autoritaire »
Comment est né ce livre?
Raphaël: j’ai appelé Bertil dont j’admire le travail, après avoir regardé le discours de G Thunberg à la COP 24 devant l’ONU fin 2018. Je lui ai soumis le pitch du Roman sur l’avènement d’une dictature écologique. Tout est parti de la conclusion du discours « le changement s’annonce que cela vous plaise ou non, le pouvoir appartient au peuple » cela m’a à la fois glacé et impressionné.
Bertil: j’ai tout de suite proposé à Raphaël, mon ami d’enfance que nous l’écrivions ensemble. Avec mon livre « Hitler mon Voisin », écrit à Munich avec le jeune voisin juif d’Hitler, voisin qui a assisté à la montée du nazisme de 29 à 39, je me suis passionné pour les mécanismes subtils du passage d’une démocratie à un régime autoritaire.
Pourquoi ce livre et pour qui?
Bertil: C’est avant tout une sorte de conte contemporain pour nos grands enfants de 20 ans qui nous questionnent souvent sur ce thème. Un conte dont la morale serait, il faut qu’une écologie à la hauteur des enjeux appartienne à tous pour ne pas être le monopole de petits groupes.
Raphaël: Notre ambition est de créer un objet de dialogue intergénérationnel: c’est pour cela que nous avons écrit une histoire concernante, pleine de rebondissements et nous l’espérons très distrayante sur un sujet sérieux. Notre rêve est que les enfants de 20 ans l’offrent à leurs parents et vice-versa pour dialoguer sur le sujet autour du poulet bio du dimanche.
Pourquoi donner une telle place à l’Aubrac et l’Aveyron?
Bertil: On adore l’Aveyron (depuis l’enfance j’ai une maison à Montrozier et Raphaël en a une en Aubrac) et à chaque fin de vacances on se dit qu’on serait bien resté. On a créé une histoire qui le permette.
Raphaël: Le buron dont il est question dans AIR est inspiré d’un vrai endroit, près de St- Urcize, réaménagé par un grand amoureux de la région, Ben Swildens, un architecte hollandais génial qui a épousé une femme d’origine aveyronnaise de la génération de nos parents qui avaient 20 ans dans les années 70. L’Aubrac est mon lieu de ressourcement absolu. J’y viens en famille dès que je peux.
Votre Roman fourmille de solutions, sont-elles réalistes?
Bertil: On avait envie de proposer un prototype de vie « écologiquement autonome », voir comment on pourrait faire concrètement. En tant que journaliste j’ai voulu que notre livre soit documenté en solutions ancestrales ou high-tech. Par exemple : le puits canadien si simple et si économe en ressources comme clim ou chauffage naturels ou bien la peinture photovoltaïque inventée par une université australienne.
Raphaël: La transformation écologique sera au moins aussi importante que la transformation digitale dans le monde de l’économie. Une majorité de gens, 58 % attendent ça des entreprises, selon l’étude mondiale meaningful brand d’Havas.
1) « AIR », éditions Michel Lafon, 315 pages, 17,95 €.
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