Par Christophe Lucet
Quatre-vingt seize heures. C’est le temps, si bref, que Charles de Gaulle aura passé à Bordeaux en juin 1940. Et encore : un temps précieux de ces jours décisifs fut employé par le futur chef de la France libre à un premier voyage-éclair en Angleterre, virée mémorable effectuée en traction Citroën en compagnie de son aide de camp Geoffroy Chodron de Courcel sur les routes de l’Ouest vers Brest, puis en bateau et en voiture jusqu’à Londres pour y rencontrer Winston Churchill.
Capitale de la défaite, Bordeaux est pourtant pour le général de brigade « à titre temporaire » et sous-secrétaire d’État fraîchement nommé, le port décisif du destin. Démarré avec la traversée du Pont de pierre encombré de réfugiés qui fuient l’avancée allemande, le récit de Bertil Scali suit De Gaulle pas à pas dans la ville où la tragédie humaine et l’écho de l’invasion se doublent d’un drame politique qui verra Paul Reynaud, l’indécis Président du Conseil d’une République aux abois, céder aux sirènes du défaitisme.
14, 15, 16 et 17 juin : quatre nuits et quatre jours méticuleusement reconstitués par l’auteur, avec ses pleins, ses blancs et ses pointillés, comblés par des lectures et des entretiens avec les derniers témoins. La dernière poignée de main muette à l’hôtel Splendid avec le maréchal Pétain, le premier contact Churchill le dialogues avec Reynaud, les séquences s’enchaînent, haletantes, avant l’envol vers Londres depuis l’aéroport de Mérignac dans l’avion prêté par le vieux lion britannique. Puis ce sera, épilogue attendu, ces minutes historiques du 18 juin à 18 heures dans les studios londoniens de la BBC, avec l’Appel dont le texte clôt ce livre haletant et d’une grande ferveur.
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